美国的新世界观

发布者:郭一帆发布时间:2023-04-09浏览次数:10

“美国优先”,自2017年1月20日特朗普宣誓就职起就力推的这个口号真正包含了什么?

当他高呼这句口号的时候,唐纳德·特朗普没有想让美国充当世界的主宰者、世界警察。

这位总统想让美国成为强国而不是帝国。不同于乔治·沃克·布什执政时期推崇新保守主义,特朗普不再认为他的国家将是一个新的耶路撒冷,受上帝委托行使帮助世界其他国家实现文明的职责。与前任巴拉克·奥巴马也不同,特朗普几乎不关心世界其他地区的命运、多边主义或者外国的命运,即使像法国这样的老盟友。特朗普主张美国利益至上。将毫不犹豫地实施贸易保护主义。其外交政策将聚焦于捍卫美国利益和美国领土安全。

特朗普总统是否会让美国走上像1920年至1940年间所奉行的隔离主义政策? 我不这么认为。奉行不干涉的外交政策,外交政策要保护美国的利益,不一定是与世界孤立起来。唐纳德·特朗普在白宫网站上也表示追求美国利益时“我们也会拥抱外交”。这意味着他将利用外交手段,为了特别的目的(美国利益),与外国建立特别的伙伴关系。他还说到:“世界必须知道,我们美国将不会去国外树敌,我们也一直乐于看到世敌变成朋友,老友成为盟友。” 这个可以成为朋友,甚至成为盟友的世敌,显然指的是俄罗斯。

因为特朗普认为美国当今的敌人只有“伊斯兰国恐怖组织和其他穆斯林激进组织”,而且他在就职演讲中表示要把它们从地球表面全部清除,所以白宫很有可能在这方面寻求与克里姆林宫的合作。今天在中东最活跃的大国无疑是俄罗斯。2017年1月23日,在俄罗斯、伊朗和土耳其的斡旋下,叙利亚政府与反对派武装[Daech(指伊斯兰国,法国官方很少使用这个说法)和基地组织除外]在哈萨克斯坦首都阿斯塔纳举行了近一年以来的首次谈判。

如果俄罗斯和美国人决定共同致力于稳定叙利亚,打击伊斯兰国恐怖分子,那也不是件简单的事情。对叙利亚库尔德民主联盟党(得到五角大楼支持,现在控制着叙利亚北部大部分地区)中的隐藏的库尔德共产党人,他们会采取什么态度呢?他们是否会委托这些人夺回被极端组织伊斯兰国占据的拉卡市?他们又会给土耳其什么保证?

唐纳德·特朗普毫不掩饰他打算取消他的前任奥巴马在2014年乌克兰危机之际对俄罗斯实施的制裁。他还有必要向美国国会进行解释说明这是送给俄罗斯的礼物吗?

特朗普是否会对普京提出的共同削减俄美战略核武库的建议感到满意?特朗普所呼吁的美俄合作关系如果没有来自莫斯科的重要的诚意表示就不会成功。特朗普会成功地说服普京吗?

特朗普即将面临的另一个外交政策挑战是北韩。当金正日政权宣布研制出能够打击美国领土的核动力洲际火箭时,特朗普总统会如何应对?他是会联合中国共同给朝鲜施压,还是会尝试与朝鲜年轻的独裁者直接“交易”呢?

当美国仍然是唯一可参考的超级大国的时候,她一直忙于在塞浦路斯,黎巴嫩,巴勒斯坦,西撒哈拉,克什米尔,巴尔干,中亚,美索不达米亚等各地实施干预,试图促进和平。特朗普上台,终结了这个时代。对于世界来说是福音还是不幸?现在下定论还为时过早。特朗普的缺乏技术含量但很明晰的外交政策是否有成功的机会?一切都取决于它的执行。在外交方面,比其他国内公共政策领域,更是魔鬼在于细节(忽略小事可导致严重失败)。


« America first ! » Que recouvre exactement ce slogan de la nouvelle Administration en place à Washington depuis le 20 janvier 2017 ?

 

Quand il proclame cette devise, Donald J. Trump ne songe pas à une Amérique qui soit la première dans le monde, pour le dominer et le policer.

 

C'est un président qui veut une Amérique qui soit forte sans être impériale. À la différence de son antéprédécesseur George W. Bush, Trump est très loin de l'idée néoconservatrice que son pays serait une nouvelle Jérusalem, à qui Dieu aurait confié la tâche de civiliser les autres nations du monde. À la différence de son prédécesseur Barack Obama, Trump se sent peu concerné par le destin des autres régions du monde, par le multilatéralisme ou par le sort des pays étrangers, quand bien même seraient-ils, comme la France, de vieux alliés de son pays. L'Amérique sera toujours la première de ses préoccupations. Sa politique commerciale n'hésitera pas à recourir au protectionnisme ; sa politique étrangère se concentrera sur la défense des intérêts américains et sur la sécurité du territoire américain.

 

Le président Trump engagera-t-il pour autant les États-Unis dans une politique isolationniste du type de celle qu'ils connurent de 1920 à 1940 ? Je ne le pense pas. Refuser l'ingérence en politique étrangère, orienter cette dernière vers la sauvegarde des seuls intérêts américains, ce n'est pas obligatoirement vouloir s'isoler du reste du monde. Dans la poursuite des intérêts américains, « we will embrace diplomacy » , explique Donald Trump sur le site de la Maison-Blanche. Cela veut dire qu'il se servira de la diplomatie, qu'il la prendra à bras-le-corps, pour construire, dans des buts spécifiques, des partenariats spécifiques avec les pays étrangers. « Le monde doit savoir que nous n'irons pas à l'étranger pour nous faire des ennemis, et que nous serons toujours très heureux lorsque nous verrons de vieux ennemis devenir des amis, et de vieux amis devenir des alliés » , ajoute-t-il. L'exemple de ce vieil ennemi qui peut devenir demain un ami, et dans un second temps un allié, est évidemment la Russie.

 

Comme Trump ne voit aujourd'hui qu'un ennemi à l'Amérique -  « l'État islamique et les autres mouvements radicaux musulmans » et qu'il a indiqué dans son discours d'investiture sa volonté de l'éradiquer de la surface de la terre, il est très probable que la Maison-Blanche cherchera à travailler sur ce point avec le Kremlin. La grande puissance la plus active au Moyen-Orient est sans conteste aujourd'hui la Russie, qui parraine, avec l'Iran et la Turquie, la conférence de paix qui s'est ouverte le 23 janvier 2017 à Astana (Kazakhstan), entre régime et rebelles syriens (à l'exception de Daech et d'al-Qaida).

 

Si les Russes et les Américains décident de faire politique commune pour stabiliser la Syrie, et pour y défaire l'État islamique, leur affaire ne deviendra pas simple pour autant. Quelle attitude choisiront-ils envers les Kurdes cryptocommunistes du PYD qui, soutenus par le Pentagone, contrôlent aujourd'hui une bonne partie du nord du pays ? Est-ce à eux qu'ils confieront la mission de reprendre la ville de Raqqa à l'État islamique ? Quelles garanties donneront-ils à la Turquie ?

 

Donald Trump n'a pas fait mystère de son intention de lever les sanctions décrétées par son prédécesseur contre la Russie, à l'occasion de la crise ukrainienne de 2014. Encore faudra-t-il qu'il justifie un tel cadeau face à son Congrès.

 

Se satisfera-t-il de la proposition faite par Vladimir Poutine d'une réduction conjointe des arsenaux stratégiques nucléaires russes et américains ? Le partenariat Amérique-Russie que Trump appelle de ses voeux ne pourra pas réussir sans un significatif geste de bonne volonté en provenance de Moscou. Trump réussira-t-il à convaincre Poutine d'en faire un ?

 

Autre défi de politique étrangère que Trump aura très bientôt à relever : celui de la Corée du Nord. Que fera le président lorsque le régime de Kim Jong-un déclarera avoir mis au point une fusée intercontinentale à tête nucléaire, capable de frapper le territoire américain ? Se rapprochera-t-il de la Chine pour exercer une pression commune, ou tentera-t-il de « faire un deal » directement avec le jeune dictateur ?

 

Lorsque l'Amérique était encore la seule superpuissance de référence, on la voyait occupée à tenter de faire la paix partout, à Chypre, au Liban, en Palestine, au Sahara occidental, au Cachemire, dans les Balkans, en Asie centrale, en Mésopotamie, etc. avec plus ou moins de bonheur. Avec Trump, cette époque est révolue. Pour le bien ou le malheur du monde ? C'est trop tôt pour le dire. Sa politique étrangère peu sophistiquée - mais qui a le mérite de la clarté - n'a-t-elle pas quelque chance de réussir ? Tout dépendra de son exécution. En diplomatie, plus encore que dans les autres domaines de l'action publique, le diable réside dans les détails.