2017年1月28日
《费加罗报》
这一切对我们来说大概仅仅只是开始。政客只关注别人对他的憎恶,而媒体还没将其纳入考虑范围。政治方面,英国脱欧公投和美国大选似乎带来一个新的意识形态的重组。从媒体上看,大家的对抗更为激烈,或许是因为社交媒体并不像政治上一样存在一个普选的机制来进行管束领导。政治上并不像媒体那样自由,受到很多约束,而一些政治丑闻(虽然其真实性有待而沽),如政治密谋事件,佩内洛普菲永私谋巨额钱财,成为法国人茶余饭后津津乐道的谈资。
媒体方面,“体制”引发热议,当然这个“体制”并不是实际存在的,同时全世界都在讨论“后真相”政治时代的来临。而谁在这一轮历史进程中扮演了角色?
当然,有“英国退出欧盟”(Brexit)事件。看看脱欧党的谎言:他们最初并没有打算真正脱离欧盟也并不希望...哦,该死!事实上,并不是,他们真的打算离开欧盟并且毫不退缩。当然,还有唐纳德·特朗普。但他只是一个自负的人!他从来没有打算信守诺言......哦,该死!实际上,不是的,他正在实施其计划。个人(民粹主义)有越来越多的机会以真理的名义实际上围绕自己的观点或偏见决定如何消费媒体,而政客们正利用这一现象在舆论和媒体中兴风作浪。
由此,我们进入了“后真相”时代,这个词被牛津字典宣布为其年度热词。唐纳德·特朗普的谎言和极尽夸张,似乎赋予了这个陌生奇怪的概念一个切实有效的形状。这可以避免人们对于特朗普当选之事的质疑,尽管他的言辞激烈夸张,但是相比而言对于一些美国人来说更难以接受的是过去经历的痛苦。因为“后真相”的概念是基于两个前提。第一,唯一而仅有的真相是决定将来政治选择的评判标准;第二,这个真相是可被定义的。
对于简单的事件,真相可能可以成立。列车在下午17点34分经过时碾碎了一只当时正在穿过铁轨的母鸡。事实的叙述已经不再是真相的顺序。如果人们稍加修饰写成粗心的母鸡,那么就变成带有引导意味的演绎。那么,一些论述比如“水平提升了”(指学生们的),或者又说“没有其他的选择”(分别出自1984年玛格丽特·撒切尔和2014年埃马纽埃尔·马克龙),这些句子又想表示什么意思呢?
中国国家主席习近平在达沃斯进行讲话对自由贸易给出了高度评价,鼓励西方国家投身于一个“成长和开放”的经济,此番讲话被媒体视作对特朗普之前言论的强有力的回应和“羞辱”。媒体们发现了一个新的“英雄”,一个真正的“霸主”。然而他们并不觉得有必要强调中国经济较为封闭,而将重点放在自由贸易鼓励西方继续向外搬迁自己的工厂来消费更多接受国家补贴生产的产品。“后真相”,不是吗?
就像用“民粹主义”一词来指基于公众意愿的任何计划的概念的出现,“后真相”这一词的突然出现主要是为了在思想上操纵以道德标准的名义谋求经济利益的人。这就是所谓的“体制”。一个真正的体制。不同位置不同领域的人为了同一个原因结成客观的联盟。而太多的评论者非自愿地(或者有时候是非常自愿地)成为这样一个体制的同伙,以共同对抗一个“坏人”的名义,而这个坏人恰恰是他们自己指定的。
媒体应该发挥的民主作用应该是通过传播真实有效的信息来参与到民主政治中,公开纠正被掩盖的事实,为人们提供丰富的论据,促使政治完全承担不实言论带来的后果。否则,社交媒体终将将被淘汰,而民主也会失去一切。
Nous n'en sommes sans doute qu'au début. La classe politique prend seulement conscience de la détestation dont elle est l'objet. Les médias, eux, ne l'ont pas encore bien intégré. Côté politique, l'étrange partie de quilles à laquelle nous assistons semble enfin ouvrir la voie à une recomposition autour de clivages idéologiques clairement assumés. Côté médias, la résistance est plus vigoureuse, sans doute parce que n'existe pas le couperet du suffrage universel. Côté politique, on découvre dans la douleur que tout n'est pas permis, et que par-delà l'existence, réelle ou non, d'un travail qui évoque davantage la secrétaire occasionnelle ou la complicité matrimoniale que l'attachée parlementaire, les sommes touchées par Penelope Fillon sont en elles-mêmes choquantes, tant elles n'ont plus le moindre rapport avec les notions d'effort et de mérite que nombre de Français attendent de voir remises au goût du jour.
Côté médias, on en est à disserter sur le « système » - qui, bien entendu, n'existe pas - et sur les « post-vérités » - que les électeurs, ces idiots, prennent pour argent comptant. Grâce à qui ?
Bien sûr, il y eut le Brexit. Mais voyez les mensonges du camp du Leave ! D'ailleurs, ils n'étaient pas préparés à la victoire et ne la souhaitaient pas... Ah, zut ! En fait, si, ils ont bien l'intention de sortir de l'Union européenne et ne reculent pas. Bien sûr, il y eut Donald Trump. Mais c'est une baudruche ! Il n'a jamais eu l'intention de tenir ses promesses... Ah, zut ! En fait, si, il met en oeuvre son programme. Les naufrages médiatiques n'entament pas le bel enthousiasme des commentateurs persuadés que la « rhétorique anti-médias » démontre la nécessité de persévérer dans la dénonciation du « populisme » au nom du Bien et de la Vérité.
Ainsi, nous répètent des analystes, nous serions entrés dans l'ère de la « post-vérité », ce mot mis au goût du jour par l'Oxford Dictionnary. Étrange concept, pourtant. Certes, les mensonges et les outrances de Donald Trump semblent lui conférer une forme de validité. Mais voilà qui évite de se demander si le nouveau président américain n'a pas été élu, non pas à cause de ces outrances, mais parce que, malgré leur énormité, elles semblaient moins détestables à certains Américains que la potion qu'on leur faisait avaler depuis des années. Car ce concept de « post-vérité » repose sur deux présupposés. Premièrement, que la seule et pure vérité a un jour constitué le critère essentiel pour déterminer les choix politiques, et deuxièmement que cette vérité peut être définie.
Concernant des faits simples, la vérité peut être établie. Le train est passé à 17 h 34 en écrasant la poule qui traversait à ce moment-là. Déjà, le récit des faits n'est plus de l'ordre de la vérité. Si l'on qualifie la poule d'imprudente, il s'agit d'une interprétation. Mais que dire d'affirmations telles que « le niveau monte » (pas celui de la mer, mais celui des élèves), ou « il n'y a pas d'alternative » (Margaret Thatcher 1984, Emmanuel Macron 2014) ?
Quand le président chinois Xi Jinping prononce à Davos un discours d'éloge du libre-échange, invitant l'Occident à s'engager dans une économie « croissante et ouverte » , les médias, dans une unanimité fervente, se délectent du « camouflet » infligé à Donald Trump. Ils ont trouvé leur nouveau héros, fût-il, lui, un vrai tyran. Les chantres de la vérité journalistique n'éprouvent pas le besoin de rappeler que l'économie chinoise est une des plus fermées qui soient, et qu'en fait de libre-échange, il s'agit d'encourager l'Occident à continuer de délocaliser ses usines pour mieux consommer des produits fabriqués à coup de subventions d'État. « Post-vérité », avez-vous dit ?
L'émergence du concept de « post-vérité », comme l'emploi systématique du mot « populisme » pour désigner tout projet s'appuyant sur la volonté populaire, a pour objectif premier de perpétuer l'emprise idéologique de ceux qui maquillent des intérêts économiques derrière des critères moraux. Voilà ce qu'on appelle un « système ». Un vrai. L'alliance objective de différentes personnes à des postes divers, dans des sphères supposément indépendantes, mais qui embrassent une même cause en usant pour cela de leur position dominante. Qu'il y ait des démagogues et des mensonges n'y change rien, il existe aussi un système qui se reproduit et dont les citoyens, visiblement, ne veulent plus. Et trop de commentateurs en sont les complices involontaires (ou parfois, au contraire, parfaitement volontaires) au nom de la lutte contre le mal par eux désigné.
Le rôle démocratique des médias consiste à participer au débat en apportant des faits vérifiés, en éclairant des pans du réel demeurés dans l'ombre, en nourrissant les citoyens avec des arguments contradictoires, en poussant les politiques dans leurs retranchements pour qu'ils assument pleinement les conséquences de leurs choix. À défaut, ils seront balayés, et la démocratie y perdra tout.