2017年1月30日
《费加罗报》
这两个词虽然简短却被赋予历史意义:“我们”和“他们”。新任美国总统唐纳德特朗普经常使用这两个词。“我们”,代表人民,包括领导他们的人。“他们”,代表政府。这两个词是政治煽动者最有力的武器,用来使他的对手们产生条件反射,而这样的条件反射正是煽动者所需要的。
煽动者会看到他的“敌人们”在他意料之中的反应, 忿忿不平地以同样的方式回击:颠倒“我们”和“他们”,反过来将煽动者们指作敌人。德国总理默克尔曾在与“德国选项党”(AfD )的交锋中作出类似的回应。
特朗普肯定不是历史上第一位政治煽动者。而安杰拉·默克尔来自于一个缺乏政治煽动经验的国家。因为通常情况下,可能对于德国人来说有效的办法是,访问其他国家(在这方面德国是世界上最热衷的),并从这些国家学习经验。
例如从法国来看。所有人都反对极右翼政党,在今天也就是反对勒庞领导的国民阵线。这就是形成了我们所说的共和阵线。25年以来,法国的政治领导人,媒体和社会主义党-“我们”一直坚信应该隔离和丑化勒庞的选民-“他们”。但是,这并非是一个好主意,因为它不能帮助解决国民阵线提出的关于欧盟,移民和全球化的问题。过分狂妄自大而不寻求解决方法。国民阵线就这样一点点地在社会上占据人心,经历一轮一轮的选举,直到今天几乎可以肯定玛丽勒庞将在第一轮总统选举中获胜。在第二轮中,共和阵线将继续阻止勒庞当选分割他的势力。
没有人能接受谎言,但我们得接受的是一个多元化的民主需要公开讨论, 而不是一个封闭的狭隘的民主,因为在这样的世界哪怕是一个好的进步的设想也会通过强加的方法使得人们接受。依托“我们”和诽谤“他们”是人们会有的正常反应,但同时又是幼稚的。而这可能是唐纳德·特朗普正希望看到的反应。这样他可以分化人们,拉低辩论的层次,让人们无法正确地思考。
但是存在一个历史性的机遇:历史可能会记住特朗普式的煽动,将它视作一种民主革新的催化剂。因为特朗普和勒庞提出了长期以来威胁到我们安全的几个问题:欧元如果流通?申根如何运作?应该如何控制移民?全球化的受害者?无条件地接受难民和恐怖主义危险之间是怎样地关系?
新的党派可以提供更多的解决方案以供选择,但是所有人都必须说明这些方案的利弊之处。只有一种声音的时代在整个欧洲已经过去了。不管是在德国,法国,西班牙,意大利还是荷兰,曾经很长一段时间中左和中右党派们拒绝听到反对的声音。
德国有机会从别国的错误中吸取教训。并可能加快革新历程。成立于2013年二月的“德国选项党”(AfD)在长达一年半的时间里都被被德国总理默克尔忽视。进而她又开始了对AfD的抨击并且建立了德国共和阵线。结果是两年后,AfD在一次州选举第一次挫败默克尔领导的基民盟(CDU)。
从那时起,伴随着总理的一些关于AfD的新的声明,希望在慢慢复苏,例如她认为有必要解决AFD问题,但是解决的前提是需要划分清楚立场并以可持续的方式。是的,“我们”是一体的而不是一部分人凌驾于另一部分人。
特朗普式的煽动可能会成为民主革新的催化剂。
Ce sont deux mots courts mais chargés histoire : les mots « nous » et « eux ». Le nouveau président américain Donald Trump les manie avec brio. « Nous », c'est le peuple - y compris le tribun qui le guide. « Eux », c'est l'establishment. Les mots sont l'arme la plus puissante du provocateur politique. Il suscite chez ses ennemis le réflexe pavlovien dont il a grandement besoin.
Le provocateur a de bonnes chances de voir ses « ennemis » réagir sur commande, s'indigner et répondre de la même manière. Ils renversent le principe du nous et du eux. Ils désignent à leur tour les provocateurs comme les ennemis. La chancelière allemande elle-même avait cédé à cette tentation avec l'AfD.
Trump n'est certes pas le premier provocateur politique de l'histoire. Et Angela Merkel vient d'un pays qui a peu d'expérience de la provocation politique. Comme c'est souvent le cas, il pourrait être utile pour les Allemands, non seulement de visiter d'autres pays - activité dont ils sont champions du monde - mais aussi d'apprendre de ceux-là.
De la France par exemple. Là-bas, tout le monde se rassemble contre l'extrême droite, dans ce cas contre le Front national des Le Pen, père et fille. C'est ce qu'on appelle le front républicain. Depuis vingt-cinq ans, les dirigeants politiques français, les médias et les socialistes du juste milieu - « nous » - sont convaincus qu'il est bon d'isoler et de diffamer les électeurs de Le Pen - « eux ». Mais ce n'est pas une bonne idée, car cela ne permet pas d'offrir des réponses aux questions que le Front national pose sur l'Union européenne, l'immigration et la mondialisation. Ceci se traduit par de l'arrogance au lieu de réponses. Le FN a ainsi pu grignoter du terrain dans la société, élection après élection, si bien qu'il est aujourd'hui pratiquement certain que Marine Le Pen s'imposera au premier tour de l'élection présidentielle. Au deuxième tour, le front républicain résistera et écartera Le Pen une fois de plus du pouvoir. Ni plus, ni moins.
Personne ne peut accepter des mensonges, mais nous devons accepter qu'une démocratie pluraliste nécessite un débat ouvert - et non pas une vision binaire du monde dans laquelle on espérerait qu'une conception considérée comme bonne et progressiste finisse par s'imposer. Se reposer sur le « nous » et diffamer « eux » est humain mais c'est aussi puéril. Cela pourrait être exactement ce que veut Donald Trump. Division, nivellement par le bas, abêtissement.
Mais il y a une occasion historique : la provocation à la Trump pourrait entrer dans l'histoire comme parenthèse, comme catalyseur du renouvellement de la démocratie libérale. Car Trump et Le Pen posent à voix haute et bruyante les questions qui ont longtemps été laissées de l'autre côté du cordon sanitaire : comment l'euro peut-il fonctionner ? Comment Schengen peut fonctionner ? Comment l'immigration doit-elle être contrôlée ? Quels sont les perdants de la mondialisation ? Quel est le rapport entre l'arrivée sans contrôle des migrants et le danger terroriste ?
Les nouveaux partis montrent des alternatives - et tout le monde doit expliquer dans quelle mesure celles-ci sont bonnes ou mauvaises. L'ère de l'absence d'alternative est révolue dans toute l'Europe. Que ce soit en Allemagne, en France, en Espagne, en Italie ou aux Pays-Bas, les partis de centre gauche et centre droit ont trop longtemps refusé les hostilités.
La République allemande a l'occasion d'apprendre des erreurs d'autres pays. Elle pourrait mettre en oeuvre en accéléré le processus de rénovation. L'AfD a été fondée en février 2013 et la chancelière l'a ignorée pendant exactement un an et demi. Comme si cela n'était pas suffisant, elle a commencé par l'attaquer et à créer un font républicain allemand. Le résultat : deux ans plus tard, l'AfD a dépassé pour la première fois la CDU lors d'une élection régionale.
Depuis lors, l'espoir renaît lentement avec de nouvelles déclarations de la chancelière sur l'AfD, par exemple lorsqu'elle affirme qu'il est nécessaire d'aborder le problème de l'AfD. Et de le faire avec une délimitation clairement argumentée des positions et avec une politique qui résout les problèmes de manière durable. C'est cela, nous devons parler entre nous et non pas les uns sur les autres.
La provocation à la Trump pourrait être le catalyseur du renouvellement de la démocratie libérale.