2017年2月8日
《费加罗报》
唐纳德·特朗普将打击伊斯兰国放在首位,1月28日,他签署了一项行政命令,要求五角大楼在30天内提交确定打败圣战组织的“新战略”。虽然这项新计划的细节仍不得而知,特朗普似乎决心要结束贝拉克·奥巴马在任时对待中东问题不明朗的态度,奥巴马希望在避免被卷入近东新的战争的前提下同时打击伊斯兰国和阿萨德政府。虽然美国没有被卷入新的战争,但是这样的战略并没有取得成功。叙利亚政权不仅存活了下来,并且在俄罗斯的支持下恢复了阿勒颇的反政府武装,恢复了其领土的一部分。伊斯兰国虽然撤退了,但并没有被彻底清除,它仍然控制着叙利亚东部很大的一部分。而最重要的是美国人失去了在中东地区的主要角色,让俄罗斯掌握了主导权,并让伊朗获得在该地区的胜利。华盛顿支持的叙利亚反政府武装不再只是一个几乎完全由圣战组织统治的反政府势力的辅助成分。
在叙利亚和伊拉克地区的伊斯兰国正处在防守阶段。但它没有被击败。圣战主义者并不赞成在巴卜进行顽强抵抗,在这个小镇他们被土耳其军队和他们北部的叙利亚盟友,叙利亚军队及其俄罗斯盟友,伊朗盟友和南部的黎巴嫩真主党包围。在叙利亚东部的沙漠,拉卡和代尔祖尔这两个地方仍在其控制下,重新夺回这两个地方需要再寻找盟友。库尔德部队,也被称作库尔德人民保卫军(YPG),是受华盛顿方面支配的打击伊斯兰国最有作战效率的部队。虽然在库尔德人居住的区域以外作战会降低他们的作战的能力,但是他们包括阿拉伯人加入到叙利亚民主力量中(FDS)弥补了这一缺陷。值得注意的是土耳其将库尔德人视作最大的威胁。去年夏天安卡拉第一次在叙利亚境内发动军队既为了将伊斯兰国驱逐出境,更是为了阻止库尔德人在叙利亚北部继续攻城掠地。“叙利亚民主力量”武装联盟部队近期获得了一批由美国提供的轻型装甲车,但土耳其反对美国继续向这些部队提供尖端武器。
虽然长期以来土耳其一直想在叙利亚境内设“安全区”以安置难民,而特朗普日前也重提此事,但土耳其担心这些区域会变成库尔德武装的后援基地。
特朗普考虑与俄国合作共同打击伊斯兰国,这可能会是他与奥巴马政策彻底的分道扬镳。特朗普在签订关于叙利亚问题新战略的行政命令前曾与普京会面,并多次表示出与莫斯科合作的意图。阿萨德对美国战略政策上可能会有的转变喜闻乐见。但美俄合作可能可能会带来的后果首先是会进一步巩固伊朗的地位,尽管它在叙利亚和伊拉克已经是一个重要的胜利者。因此莫斯科和华盛顿共同打击伊斯兰的联盟可能会促使德黑兰政权重新夺回叙利亚。第二个潜在危机是使得逊尼派教徒重新集合起来反对德黑兰,莫斯科和华盛顿的同盟。逊尼派占据叙利亚东部和伊拉克西部大部分人口,伊斯兰国曾依仗于逊尼派教徒的势力扩张,因此此次局势的改变可能会使伊斯兰国从中受益,尤其是如果美国同时不再支持非圣战组织的叙利亚反政府武装。
华盛顿支持的叙利亚反政府武装不再只是一个几乎完全由圣战组织统治的反政府势力的辅助成分。
Donnant la priorité à la lutte contre l'État islamique, Donald Trump a signé le 28 janvier un décret ordonnant au Pentagone de définir dans les 30 jours une « nouvelle stratégie » pour vaincre l'organisation djihadiste. Sans que les détails de cette nouvelle approche soient encore connus, Trump semble en tout cas vouloir en finir avec les hésitations de Barack Obama, qui entendait à la fois lutter contre l'EI tout en soutenant la rébellion contre Bachar el-Assad, mais en évitant par-dessus tout de se laisser entraîner dans une nouvelle guerre au Proche-Orient. Sauf sur le dernier point, cette stratégie n'a pas été couronnée de succès. Le régime syrien a non seulement survécu, mais est parvenu grâce au soutien russe à reprendre Alep aux rebelles et à reconquérir une partie de son territoire. L'État islamique a reculé mais n'a pas été vaincu, et contrôle encore une partie importante de l'est de la Syrie. Et surtout, les Américains ont perdu leur rôle d'acteur majeur au Moyen-Orient, laissant la Russie mener le jeu diplomatique, et l'Iran engranger les victoires sur le terrain. Les rebelles syriens soutenus par Washington ne sont plus qu'une composante mineure d'une rébellion presque entièrement dominée par les djihadistes.
L'État islamique est en Syrie comme en Irak sur la défensive. Mais il n'est pas encore vaincu. Les djihadistes opposent une résistance acharnée dans el-Bab, petite ville où ils sont encerclés par les forces turques et leurs alliés syriens au nord, et par l'armée syrienne et ses alliés russes, iraniens et libanais du Hezbollah au sud. Dans les déserts de l'est syrien, Raqqa et Deir Ez-Zor sont toujours sous son contrôle, et leur reconquête nécessite de trouver des alliés au sol. Les forces kurdes, aussi appelées Unités de protection populaires (YPG), sont les troupes les plus efficaces dont dispose Washington contre l'État islamique. Leur capacité décroît lorsqu'elles sont engagées en dehors des zones de peuplement kurdes, mais leur intégration dans des Forces démocratiques syriennes (FDS), comprenant des Arabes, atténue en partie cet inconvénient. Plus problématique est le fait que les Kurdes syriens sont perçus par la Turquie comme un adversaire prioritaire. Ankara a engagé pour la première fois ses troupes sur le sol syrien l'été dernier, à la fois pour chasser l'État islamique de la zone frontalière, mais aussi et peut-être même surtout pour empêcher les Kurdes de contrôler un territoire continu au nord de la Syrie. Des blindés légers ont été récemment livrés par les États-Unis aux FDS, mais la Turquie s'oppose à ce que les Américains fournissent de l'armement sophistiqué à ces groupes.
Même l'idée de créer des « zones protégées » pour les déplacés à l'intérieur de la Syrie, longtemps soutenue par la Turquie et à présent reprise par Trump, inquiète les Turcs, qui craignent que ces zones ne se transforment en base arrière aux Kurdes.
L'autre option serait pour Trump de rompre radicalement avec la stratégie d'Obama, en se rapprochant de la Russie pour combattre l'État islamique. Trump, qui s'est entretenu avec Vladimir Poutine avant de signer son décret sur la nouvelle stratégie syrienne, a régulièrement affirmé son intention de coopérer avec Moscou. Bachar el-Assad s'est même déjà félicité du tournant possible de la stratégie américaine. Mais un rapprochement américano-russe aurait aussi pour effet de renforcer la position de l'Iran, qui apparaît déjà comme le grand vainqueur régional, en Syrie comme en Irak. Une alliance entre Moscou et Washington contre l'EI aurait pour conséquence de favoriser la reconquête de la Syrie au profit d'un régime client de Téhéran. Le deuxième risque potentiel d'un tel rapprochement serait de favoriser le ralliement des sunnites contre une coalition regroupant Téhéran, Moscou et Washington. L'État islamique, qui s'est appuyé sur la frustration des sunnites, qui constituent la majorité de la population de l'est syrien et de l'ouest irakien, pourrait ainsi bénéficier de ce retournement, surtout si les États-Unis abandonnent en même temps leur soutien aux derniers groupes de rebelles syriens non djihadistes.
Les rebelles syriens soutenus par Washington ne sont plus qu'une composante mineure d'une rébellion presque entièrement dominée par les djihadistes.